Surpêche, bruit, trafic maritime, pollution : l’état de nos océans se détériorent. Dans de telles conditions, de nombreux mammifères marins ne parviennent plus à survivre. L’Association Européenne pour les Mammifères Aquatiques appelle à une union sacrée et offre son expertise et ses connaissances des soins aux mammifères marins pour aider les efforts de sauvetage.
De plus en plus de cétacés et de pinnipèdes sont observés en détresse dans le monde entier. Plusieurs études montrent que leur immunité est altérée par les activités humaines, ils sont donc plus fréquemment sujets à des maladies infectieuses. Les facteurs de stress actuels au niveau de la population, tels que la raréfaction des proies, les niveaux élevés de contaminants et la pollution sonore, les prédisposent souvent à ces infections mortelles. De nombreux individus montrent des cicatrices laissées par les hélices, d’autres sont directement frappés par des bateaux et des dauphins ou des orques amaigris sont observés de plus en plus régulièrement.
En 2018, plus de 40 experts des mammifères marins se sont réunis sous les auspices de l’UICN dans un des parcs zoologiques membre de l’Association Européenne pour les Mammifères Aquatiques ou EAAM. Leur rapport fait état du déclin rapide et alarmant pour plusieurs espèces de dauphins. Ce groupe de travail conclue que tous les spécialistes des dauphins - ceux travaillant en milieu naturel (in situ) et ceux les étudiants au sein des institutions zoologiques (ex situ) – doivent coordonner leurs efforts. Toutes les informations scientifiques, ainsi que l’expertise développée dans les institutions zoologiques en matière de soins, sont de plus en plus indispensables pour développer et appliquer des mesures de protection efficaces garanties d’un avenir meilleur pour les cétacés sauvages. Récemment, le 16 mai, une orque désorientée a été observée pour la première fois à Honfleur puis au Havre près de l’embouchure de la Seine. Elle a ensuite été suivie par de nombreux français dans son parcours erratique vers l’intérieur des terres. Des associations naturalistes et les autorités ont tenté en vain de diriger l’animal en perdition en direction de la mer en lui diffusant des appels de congénères mais, malheureusement, le mâle de 4 ans a été finalement retrouvé mort le 30 mai.
Une autopsie a été effectuée et les premiers résultats publiés conduisent à « l’hypothèse que l’animal est mort de faim, bien que la cause définitive du décès reste incertaine ». Des cas similaires mettent en lumière qu’un facteur clef - la rapidité d’intervention - permet parfois de sauver certains de ces mammifères marins en difficulté. Le plus tôt un animal sauvage montrant des signes de faiblesse peut être examiné par un vétérinaire expert, plus les chances de lui fournir les soins appropriés et assurer sa survie sont grandes. En juin 2010, Morgan, une femelle orque, a été retrouvée flottante sur les côtes néerlandaises dans un état d’amaigrissement et de malnutrition avancé. Le gouvernement local a rapidement fait appel à une équipe de vétérinaires experts des mammifères marins et de personnels formés du zoo marin de Harderwijk. Compte tenu de l’état alarmant de l’animal, la décision a été immédiatement prise de la transférer dans un centre de secours pour lui fournir un examen médical complet et lui proposer un programme d’alimentation assistée. Après un rétablissement clinique complet, l’animal a été jugée inapte à la réintroduction en raison de son jeune âge et a rejoint un groupe d’orques résidants à Loro Parque, institution membre de l'EAAM, basée aux îles Canaries (Espagne). Une analyse plus approfondie a montré alors qu’elle souffrait d’une grave déficience auditive, ce qui l’empêchait probablement de s’épanouir dans son environnement natal.
Dans plusieurs pays du monde, des protocoles comprenant une intervention rapide et active, le diagnostic, le traitement et, si possible, la réintroduction dans la nature d’animaux sauvages se sont révélés efficaces. Aux États-Unis, au cours des 50 dernières années, les experts de Sea World ont sauvé ainsi plus de 1770 phoques et otaries, 516 cétacés et 607 lamantins.
Grâce à l’expertise médicale et biologique acquise dans les institutions zoologiques, des mesures sont actuellement prises pour aider les populations sauvages en déclin « in situ », comme la population d’orques résidentes du Sud près de Vancouver, qui reçoivent à distance (télé-injection) des traitements longue durée afin de soutenir leur système immunitaire souvent déficient.
L’objectif principal de nos sociétés modernes est et doit être de restaurer un environnement naturel où ces créatures marines pourraient de nouveau prospérer comme elles l’ont fait depuis des millions d’années.
Des actions politiques fondées sur une expertise scientifique précise doivent s’attaquer de toute urgence à la détérioration de l’environnement marin, afin d’éviter que des cas tels que celui de Morgan ou la récente orque mâle perdue dans la Seine ne se reproduisent.
Pour être en mesure de réagir de la manière la plus rapide et appropriée, nous devrions être mieux préparés. Quand d’autres cas se présenteront, nous nous devons de réagir de la façon la plus efficace. C’est pourquoi l’EAAM appelle les autorités à mobiliser tous les experts du domaine tels que les scientifiques de terrain, les vétérinaires zoologiques et les experts en soins aux animaux. En France, deux membres actifs de notre association, reconnus pour leurs programmes de recherche et leur niveau d’expertise, pourraient contribuer à élargir massivement le champ des solutions que nous nous devons d’offrir aux mammifères marins en détresse.
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